Bonney Magambo est une infirmière, une mère et une entrepreneuse déterminée. Il y a quelques années, on lui a diagnostiqué une insuffisance rénale, ce qui l'a amenée à créer sa propre entreprise.
Avec sa start-up HémoFAB et son projet FAV Protector, elle s'attaque à un sujet peu connu qui touche des millions de personnes dans le monde : le soin des fistules artérioveineuses et la prévention des procédures médicales inutiles pour les patients sous traitement d'hémodialyse.
Qu'est-ce que cela signifie exactement ? Les fistules artérioveineuses sont une connexion entre une artère et une veine. Les personnes souffrant d'insuffisance rénale à un stade avancé se font souvent créer chirurgicalement une fistule artérioveineuse dans le bras ou l'avant-bras pour faciliter la dialyse. C'est un élément essentiel du traitement des personnes qui ont besoin d'une hémodialyse, mais c'est aussi très fragile. Bonney en a fait l'expérience.
"L'idée m'est venue quand j'ai eu un accident sur ma fistule avec une hémorragie très importante et je me suis rendue compte à quel point c'était important de protéger ma fistule", explique-t-elle dans sa description de projet pour un concours d'entrepreneuriat de Handicap International auquel elle a participé. “En 2 ans, j’ai eu une trentaine d'actes de réparation”.
C'est pourquoi Bonney a imaginé un moyen simple et ingénieux pour tenter de limiter les complications liées à sa FAV : la protéger avec un brassard. Elle a d'abord commencé par une simple conception maison qui offrait une couche de protection. Cependant, elle aspire à construire un brassard entièrement connecté qui non seulement protège la fistule contre les chocs, mais donne également au patient et au médecin des informations sur l'état de la fistule afin d'anticiper les soins ultérieurs.
Lorsqu'elle a fait part de son idée à des médecins, ceux-ci n'en revenaient pas que personne n'y ait pensé auparavant. “En France, l’insuffisance rénale touche 3 millions de personnes. Quatre-vingt-deux mille sont en traitement, c'est-à-dire en dialyse ou en attente d’une greffe, et on compte quarante-huit mille patients sous hémodialyse. Ils avaient les mêmes difficultés que moi mais ils protégeaient autrement leur FAV, par exemple par des bandages ou avec d’autres manchons qui existent aujourd’hui mais qui ne sont pas dédiés à cet usage”.
Son idée est non seulement une solution attendue depuis longtemps pour les nombreux patients qui subissent un traitement d'hémodialyse, mais elle pourrait également servir à des patients souffrant d'autres pathologies. “On a été contacté par des personnes diabétiques qui avaient besoin de protéger leur pompe avec ce brassard.”
À partir de ses observations en tant que patiente, Bonney a lancé un projet entrepreneurial à part entière. Elle travaille avec des ingénieurs et designers pour développer le FAV Protector, un brassard de protection connecté révolutionnaire.
“Le projet a évolué. J’ai commencé par le brassard classique pour les complications externes (coupures, griffures, etc.), mais je me suis dit que je n'avais pas la solution complète parce qu’il y a des complications internes. J’ai donc conçu un brassard connecté de surveillance continue grâce à un capteur, qui va voir si des caillots se forment, s’il y a un rétrécissement et le signaler à un médecin via une plateforme. Le médecin pourra alors faire venir le patient pour un acte chirurgical.”
Mais ce n'est pas tout. Elle a également créé une communauté de patients qui se soutiennent mutuellement tout au long de leurs traitements onéreux. Outre le fait qu'ils constituent un système de soutien opportun pour la réfugiée qui doit affronter la maladie loin de chez elle, ils sont aussi sa caisse de résonance, ses bêta-testeurs et ses clients potentiels !
Afin de développer son entreprise, elle a bénéficié du soutien de différents programmes d'entrepreneuriat pour les réfugiés, comme l'incubateur SINGA et maintenant FAIRE. Ces programmes l'ont aidée à développer son réseau de collaborateurs pour faire avancer son idée dans le domaine des technologies médicales. Elle est actuellement à la recherche d'un fabricant qui lui permettra de construire un prototype complet en France. “L’idée serait de travailler avec des confectionneurs français. On va envoyer les premiers brassards vers les patients qui ont fait les premières commandes et ensuite, eux vont nous faire des retours. Cette possibilité de pouvoir réajuster à chaque fois le produit impose qu’on reste près des patients.”
Le voyage de Bonney ne fait que commencer : elle a déjà des idées pour d'autres produits qu'elle pourrait fabriquer pour les patients sous dialyse. Bien qu'elle ait déjà rencontré de nombreux obstacles pour arriver là où elle est, elle ne les laisse pas l'arrêter. Avec ce projet innovant et ambitieux, elle a trouvé sa voie.
“Il faut y croire, c’est possible d’entreprendre. Il faut oser, croire en sa capacité d’aller jusqu’au bout de son projet. Il faut choisir quelque chose que vous aimez, que vous n’ayez pas besoin de vous encourager à le faire”
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