Que faut-il pour être un entrepreneur en 2020 ? De la résilience, de la créativité, une adaptabilité et de la volonté pour résister quand les choses se compliquent. Parallèlement, on remarque que ces compétences sont justement celles développées par les réfugiés qui ont été forcés de fuir leur pays pour trouver un refuge et de nouvelles opportunités dans leur société d’accueil.
Cependant, être un entrepreneur signifie plus que la simple maîtrise de ces compétences, il faut aussi avoir un accès au capital. Malheureusement, ce critère important est moins courant chez les réfugiés. En raison de la nature de leur migration forcée, les réfugiés se retrouvent souvent sans accès à leurs économies, à leurs actifs financiers ou réseau familial et amical qui peuvent apporter ce que l’on appelle le « love money », un apport financier sur lequel comptent beaucoup les entrepreneurs.
Parallèlement à cela, les banques des sociétés d’accueil n’ont souvent pas de réelles procédures en place pour analyser correctement les risques et opportunités pour investir dans les projets entrepreneuriaux des réfugiés. Par ailleurs, si les banques s’engagent, les réfugiés doivent supporter des taux d’intérêt plus élevés que les autres clients (Refugee Investment Network).
FAIRE – Fonds d’Action et d’Innovation des Réfugiés Entrepreneurs – est un fonds de dotation créé en 2018 pour combler l’écart sur le marché financier pour les entrepreneurs réfugiés en France. Le fondateur de FAIRE, Nick Nopporn Suppipat, un entrepreneur à succès et réfugié politique thaïlandais, a su voir le potentiel d’innovation et de croissance que les réfugiés pouvaient apporter au marché français. Il était jusqu’alors frustré de voir systématiquement leur potentiel bloqué lors de l’accès aux capitaux.
En 2014, j’ai été forcé de fuir la Thaïlande, en laissant derrière moi ma maison, ma famille, mon entreprise. Du jour au lendemain, j’ai rejoint les quelque 26 millions de réfugiés que compte le monde. Nous avons tous des profils différents, qu’il s’agisse de notre formation, de notre métier ou de notre culture. Pourtant, nous partageons tous le même élan, la même détermination, la même volonté de prendre des risques, non seulement pour survivre, mais aussi afin de prospérer.
Nick Nopporn Suppipat Fondateur de FAIRE
FAIRE met en œuvre une approche écosystémique dans sa stratégie d’investissement auprès des entrepreneurs réfugiés, à savoir que le fonds investit dans des entrepreneurs sur toute la chaine de valeur du développement de leur projet. Depuis l’idéation jusqu’à l’apport de capitaux, FAIRE finance des incubateurs et des organisations œuvrant pour l’entrepreneuriat, telles que PLACE, pour créer un pipeline pour les réfugiés entrepreneurs, afin qu’ils puissent développer, tester et affiner leurs idées. En mettant en œuvre différentes strates dans sa stratégie d’investissement, FAIRE s’assure que quand l’entrepreneur est prêt pour un investissement via FAIRE, son projet est prêt à décoller.
Nous sommes persuadés que les réfugiés, les migrants et nouveaux arrivants apportent chacun une myriade de compétences et une vision pour déceler des opportunités uniques d’entrepreneuriat. Quelle meilleure opportunité que de pouvoir rendre un peu à la société, en leur permettant de voir leur business se développer ? C’est ce qui guide notre travail chaque jour.
Kristina Vayda
Déléguée Générale de FAIRE
Après deux années et demie d’activité, FAIRE reste toujours attentive à de nouveaux projets et opportunités. En 2019, FAIRE a ainsi pu proposer un financement direct à son premier entrepreneur, Ghaees Alshorbajy, un entrepreneur en série originaire de Syrie et fondateur de KaouKab – une startup qui facilite la charge que représente l’évacuation et le recyclage des déchets métalliques. En 2019 également, FAIRE a travaillé avec le Centre For Entrepreneurs, la principale fondation britannique de soutien à l’entrepreneuriat, pour réaliser une Enquête mondiale sur l’entrepreneuriat des réfugiés, un rapport sur l’état des programmes de soutien à l’entrepreneuriat des réfugiés.
Fonctionnant comme une start-up, FAIRE est un acteur à suivre. Leur système unique de financements par niveaux pour les réfugiés entrepreneurs fournit des informations précieuses sur la façon dont les fournisseurs de services financiers et les investisseurs peuvent s’adapter pour se saisir des opportunités que les réfugiés entrepreneurs apporteront dans les années à venir.
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