Trop peu de réfugiés entrepreneurs réussissent à lever les fonds suffisants au lancement et à la consolidation de leurs projets. Alors, comment rendre le financement plus accessible à des réfugiés porteurs de projets entrepreneuriaux ?
C’est la question centrale posée lors du webinar tenu ce jeudi 29 avril par notre partenaire SINGA France sur le thème de la levée de fonds pour les entrepreneurs réfugiés. A cette table ronde ont été convié la Déléguée Générale de FAIRE Kristina Vayda, Marie Dauvergne, Directrice d'investissement du fonds INCO Venture, Anne Gerset, Directrice du fonds d’investissement de makesense et Youssef Oudahman, Cofondateur de Meet My Mama. Le webinar fut riche en enseignements grâce à la diversité de ses intervenants et des institutions qu’ils dirigent.
Comment réussir sa levée de fonds en 2021 quand on est entrepreneur réfugié, issus de la diversité ou des minorités en France ? Voici quelques conseils que nous avons retenu de la table ronde.
Se demander si la levée de fonds est le choix adapté au stade de développement de son projet :
La levée de fonds est loin d’être l’unique source de financement disponible et n’est pas la solution adaptée à toutes les situations. Ouvrir son capital est un choix risqué qui coûte de l’argent à terme et qui implique une perte d’une partie du contrôle de sa société. C’est un choix qui doit répondre à un besoin identifié et s’avérer propice pour le stade de développement du projet.
Attendre le bon moment et planifier sa demande de financement d’ouverture sur capital est d’autant plus nécessaire que les investisseurs VC (Venture Capital) chercheront d’abord la preuve du concept - qui passera par les ventes du produit ou service. L’entrepreneur doit être parvenu à un stade de développement d’autosuffisance financière avant de lever des fonds auprès de fonds d’investissement.
Préparer et planifier sa levée de fonds :
Pour assurer une levée de fonds, l’entrepreneur doit convaincre ses investisseurs en montrant qu’il s’est bien préparé et qu’il connait le marché économique et l’environnement dans lequel il évolue. La capacité de l’entrepreneur à s'entourer d'une bonne équipe, à construire et à trouver un réseau auprès de programmes d’accompagnement sont aussi des critères importants d’évaluation pour les potentiels investisseurs. Selon Marie Dauvergne, la levée de fonds est un marathon dont il faut connaitre les codes. Un bon timing et une planification sont donc essentiels pour réussir son ouverture de capitale. Une levée de fonds ne se planifie pas quand les fonds ne sont plus suffisants et qu’acculé, on se tourne vers les investisseurs.
Bien choisir ses partenaires et ses investisseurs :
Le choix des futurs partenaires et investisseurs est crucial pour le futur développement du projet entrepreneurial. La levée de fonds est un partenariat avec des investisseurs qui vont être impliqués et présents ; il est donc important de consciencieusement choisir son tour de table et ses partenaires pour travailler avec des acteurs de confiance partageant les mêmes valeurs. Il existe une pluralité d’investisseurs qui seraient prêt à investir dans des projets portés par des réfugiés entrepreneurs, mais les approcher exige des recherches en amont pour connaitre leurs domaines d’investissement de prédilection.
Valoriser son parcours migratoire et ses atouts orientés business :
Être issus de l’immigration est une force et un atout business que les entrepreneurs au parcours migratoire doivent valoriser. Pour Youssef Oudahman, la diversité des nationalités et des expériences génère de l’intelligence collective, de la donnée, des avantages comparatifs uniques qui permettent d’opérer sur des marchés qui ne sont plus accessibles aux marchés plus traditionnels. Il y a chez les porteurs de projet issus de la migration une manière différente d’aborder certaines problématiques et une capacité unique à visualiser des besoins à partir de leurs expériences.
Le financement de projet en temps de COVID-19 :
Les avis sont mitigés concernant l’impact crise de la COVID-19 sur le financement des associations et des start-ups portées par des réfugiés en France. Anne Gerset nous explique que le flux sourcing a bien repris et que les structures de financement privé sont de plus en plus ouvertes à l’idée de financer des projets à impact portés par des réfugiés. Un constat à nuancer selon Kristina Vayda, Déléguée Générale de FAIRE, qui pointe du doigt que la crise a tout de même impacté le secteur caritatif, du côté des fondations, fonds de dotation et les associations qui en dépendent.
Il est donc encore possible en 2021 pour un réfugié entrepreneur d’entreprendre et de lever des fonds. Mais réussir sa levée de fonds implique de faire des choix intelligents, de faire attention au timing, de trouver les bons investisseurs et partenaires, de valoriser son parcours migratoire et de bien se renseigner sur les réseaux disponibles en France.
Si le sujet vous intéresse et vous voulez revoir la conférence - https://lnkd.in/emkD6Db
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